Les clowns lyriques
Romain GarySur le fond du carnaval de Nice, des « clowns lyriques » ─ c’est ainsi que Gorki appelait les idéalistes « qui font leur numéro dans l’arène du cirque bourgeois » ─ tentent d’oublier un monde en proie aux conflits meurtriers et de se débarrasser en même temps de leur espoir irrépressible qui les torture. Tous ces tendres voient dans l’amour le seul refuge où un homme peut abriter sa tête rêveuse. C’est ainsi que se forme au hasard d’une rencontre un couple inattendu : Ann Garantier, grande vedette de cinéma, et Jacques Rainier, Compagnon de la Libération, qu’aucune désillusion, aucune ironie, ne parviennent à affranchir d’un autre vedettariat, celui des causes sacrées ».
Le mari d’Ann, Willie Bauché, qui traîne une réputation « géniale » d’auteur, acteur, metteur en scène, malgré une succession d’échecs, et qui n’est plus capable de distinguer ses phantasmes hollywoodiens de la réalité, essaie de se débarrasser de son rival. Autour de lui, d’autres « clowns lyriques » se débattent contre leurs démons intérieurs et ceux de notre époque : La Marne, devenu sous l’aiguillon de l’angoisse un véritable derviche tourneur de la dérision ; le père d’Ann, qui mime pour son compte personnel la...
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